Cette galerie présente les 22 Arcanes majeurs d'une sélection de Tarots de Marseille et dits « de Marseille » historiques de référence, provenant de musées et de collections privées. Le grand public peut ainsi découvrir des jeux jusqu'à présent quasiment inconnus, dont certains sont montrés, en association avec le site Tarot de Marseille Edition Millennium, en couleur pour la première fois.
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• TAROT DE PIERRE MADENIÉ •
Dijon 1709, France
Ce Tarot est le plus ancien Tarot de Marseille référencé de « type II » connu (Cf. Questions fréquentes). De par la justesse de son canon, la qualité de sa gravure, ainsi que la très bonne conservation de ses couleurs, ce jeu est également l’un des plus beaux. L'exemplaire présenté ici est conservé au Musée national suisse de Zurich, et constitue le seul exemplaire complet connu à ce jour. Bien entendu, il est très probable que d'autres exemplaires soient conservés dans des collections privées, ainsi que bien d'autres modèles de Tarots encore inconnus du public. Les collectionneurs, souhaitant compléter l'inventaire des Tarots dits « de Marseille », faire avancer la recherche et éventuellement révéler ces trésors au public, sont invités à nous contacter.
Le fac-similé de ce Tarot est disponible à la vente dans la Boutique du présent site.
• TAROT DE FRANCOIS HÉRI •
Solothurn 1718, Suisse
Ce Tarot, réalisé par un Maître Cartier suisse en ayant réalisé plusieurs autres, est unique. Avec le Tarot de Jacques Viéville (qui est classé dans une autre catégorie), il s'agit, parmi les Tarots historiques connus, du jeu présentant les icônes les moins rognées, le cadre étant plus ouvert, altérant donc moins que d'autres l'intégrité des icônes. Ainsi LE MAT, I LE BATELEVR, et bien sûr le trône de IIII LEMPEREVR, sont ici entiers, ou presque. Pour en savoir plus sur le rognage des icônes dans les Tarot historiques, le lecteur est invité à lire les réponses aux Questions fréquentes. Un détail, également important : XII LE PENDU tend bien l'oreille. L'exemplaire présenté ici est conservé au Musée national suisse de Zurich.
Note : Le dos « taroté » sera bientôt ajouté.
• TAROT DE FRANCOIS CHOSSON •
Marseille 1736 (1672 ?), France
Ce Tarot de Marseille fut réalisé par François Chosson à Marseille vers 1736, date attribuée à l’enveloppe de son Tarot, déposée cette même année par le maître cartier aux registres de greffe de la police de Marseille (Archives de Marseille - cote FF 308). Ce maître cartier marseillais exerça en effet de 1734 à 1756 (source : Les cartes à Jouer Du XIVe Au XXe Siècle de Henri-René D’allemagne, deux tomes chez Hachette & Cie, 1906), ce maître cartier marseillais exerça en effet de 1734 à 1756. Cette période correspond bien aux caractéristiques de ce Tarot, représentatif de la fin de la première moitié du XVIIIe siècle : perte de détails et de rigueur graphiques, figurations tendant vers le réalisme. Il ne date donc certainement pas du XVIIe siècle, comme pourrait le laisser croire la date de 1672 qui serait (car la gravure est ébréchée) inscrite sur le II de Denier, lame sur laquelle sont traditionnellement inscrits le nom du maître cartier et l’année de la réalisation du jeu. L'exemplaire présenté ici (l'unique connu) est conservé au Musée Blumenstein à Solothurn, en Suisse.
• TAROT DE JEAN-BAPTISTE MADENIÉ •
Dijon 1739, France
Ce Tarot fut réalisé par le fils de Pierre Madenié, auteur du plus ancien tarot de Marseille référencé « de type II » (voir les Questions fréquentes), considéré dans le monde entier comme le modèle standard. Si cette édition réalisée par Jean-Baptiste est dans l'ensemble moins fine que celle de son père, et que son canon se rapproche de celui de la Suisse (l'Arcane XVIIII LE SOLEIL par exemple), les cartes présentent par contre certains détails omis ou effacés par l'usure dans le Tarot de Pierre Madenié. En effet, l'analyse de l'exemplaire reproduit ci-dessus révèle qu'il ne s'agit pas d'une première édition, et que les moules étaient déjà usés lorsque celui-ci fut imprimé. Cette édition de Jean-Baptiste Madenié est ainsi très précieuse pour les chercheurs du trait et des détails originels. Par ailleurs, le fait que le Tarot du fils ait préservé certains détails absent du Tarot du père, implique que le premier a eu à sa disposition des éditions anciennes, et que l'édition du second, bien qu'il soit le plus ancien tarot de Marseille référencé de sa catégorie, ne constitue pas un modèle original, mais qu'il reprend un modèle datant au moins du XVIIe siècle. Cet exemple, parmi d'autres, rappelle qu'il ne faut pas confondre l'antériorité historique d'un jeu avec l'originalité du modèle. L'exemplaire présenté ici est conservé au Musée national suisse de Zurich, Suisse.
• TAROT DE FRANÇOIS TOURCATY •
Marseille 1745, France
Ce Tarot fut réalisé à Marseille aux environs de 1745, par le fils de Jean-François Tourcaty, également maître cartier à Marseille. L'exemplaire présenté ici, conservé à la bibliothèque nationale de France (BNF, Paris), constitue une édition tardive de cette édition. En effet, comme en témoigne les moules rectifiés/vandalisés ; il fut imprimé après la Révolution française. Celle-ci s'opposa en effet à tout ce qui se rapportait au religieux et à la royauté. Ainsi, les noms connotés, les couronnes, croix, et autres signes impériaux furent effacés systématiquement des moules des cartes à jouer. Par contre, étrangement, le nom LE DIABLE fut préservé. Cette omission est-elle significative ? Quoi qu'il en soit, si la gravure du Tarot de François Tourcaty est assez grossière, ce jeu est très précieux. En effet, outre le fait qu'il est le plus ancien jeu connu ayant préservé le phœnix dans le IIII de Denier et dans le II de Coupe, il constitue l'un des rares Tarots réalisés à Marseille conservés. Par contre, ce jeu est caractéristique d'une certaine rupture avec la tradition dans la mesure où, outre la décadence évidente de l'iconographie traditionnelle des Arcanes, certaines cartes ont leur nom traditionnel affecté (LE CHARIOT au lieu de LE CHARIOR, LETOILLE au lieu de LESTOILLE (mot ancien provençal du XIVe siècle) tout en préservant tout de même le V pour le U et le I pour le J. C'est par la suite, comme nous le verrons plus bas notamment avec le Tarot de Nicolas Conver, réalisé à Marseille en 1760, que les noms furent véritablement altérés, et que leur alphabet fut modernisé. Pour anecdote, d'après Paul Marteau, qui posséda cet exemplaire (avant d'en faire donation comme l’ensemble de sa collection de jeux à la BNF bibliothèque nationale de France, Paris), l'écriture manuscrite sur les cartes serait de Mlle Lenormand, célèbre cartomancienne du début du XIXe siècle.
• TAROT DE ROCHUS SCHÄR •
Mümlisvil 1750, Suisse
Ce Tarot suisse, bien qu'altéré à certains égards, comporte des détails précieux pour la recherche iconographique. Ainsi, nous y trouvons la baguette derrière et non dans la main du personnage de l'Arcane I LE BATELEVR, le pied nu du personnage de l'Arcane XII LE PENDV (que nous retrouvons dans d'autres jeux), le taureau de l'Arcane XXI LE MONDE avec ses deux cornes et son auréole, XV LE DIABLE avec ses croissants lunaires sur la poitrine, les rayons de XVIIII LE SOLEIL larges et colorés, etc. La Suisse, située entre la Germanie (Allemagne) et l'Italie du Nord, a ainsi produit des Tarots, dont les exemplaires connus, si ils sont altérés sur certains points (comme le festonnage de la jupe de IIII LEMPEREVR et de VI LAMOVREVX), ont bien préservé certains détails (comme les noms originels des cartes), et sans nul doute l'essentiel du canon traditionnel du Tarot dit « de Marseille ». L'exemplaire présenté ici est conservé au musée Blumenstein à Solothurn, en Suisse.
• TAROT DE CLAUDE BURDEL •
Fribourg 1751, Suisse
Ce Tarot suisse, tout comme celui de Rochus Schär, comporte lui aussi des détails précieux pour les chercheurs. Ainsi, comme dans d'autres éditions anciennes, nous trouvons également ici la baguette derrière la main du personnage de l'Arcane I LE BATELEVR, le pied clairement nu, bien que coloré en rouge, du personnage de l'Arcane XII LE PENDV, l'Arcane XV LE DIABLE avec ses croissants lunaires sur la poitrine, ici couleur chair, les rayons de XVIIII LE SOLEIL larges et colorés, etc. L'exemplaire du jeu présenté ici, en excellent état de conservation et aux couleurs éclatantes, est conservé au musée national des arts et traditions populaires (MNATP), à Paris. Il est à noter que la collection de ce musée sera déplacée en 2013 au nouveau musée marseillais le MUCEM (Musée des civilisations de l'Europe et de la Méditerranée).
• TAROT DE NICOLAS CONVER •
Marseille 1760, France
Ce Tarot de Marseille constitue, avec le Tarot réédité par Paul Marteau aux Éditions Grimaud en 1930, le Tarot le plus connu dans le monde. Souvent pris à tort pour l’original du Tarot de Marseille, ou pour la référence faisant autorité, ce jeu est en réalité une production tardive, qui n’est déjà plus en accord avec la tradition. Il suffit de comparer par exemple les lames XI LA FORCE ou XVIII LA LVNE avec celles des Tarots plus anciens, comme celui de Pierre Madenié 1709, celui de François Chosson 1736 pour s’en rendre compte immédiatement. Nous pouvons également constater d’importantes altérations au niveau de la colorisation de cette édition, dues à des erreurs et des excès (le bleu clair notamment), mais également au niveau des noms des cartes, qui ont subi la normalisation humaniste du XVIIIe siècle, les lettres V et I (celles correspondant au J) étant remplacées par les lettres U et J respectivement. L'exemplaire du jeu présenté ici (qui fut imprimée vers 1860) provient d'une collection privée.
• TAROT DE JACQUES ROCHIAS •
Neuchâtel 1782, Suisse
Ce Tarot, charmant bien que présentant une iconographie très altérée par rapport au canon traditionnel, est bien intéressant. En effet, par l'inversion du sens d'orientation des icônes de plusieurs cartes, il démontre (avec d'autres jeux anciens) que les cartes du Tarot de Marseille furent parfois imprimées dans l'un ou l'autre sens. Incidemment, l'Arcane XIII se retrouve ici dans l'orientation traditionnelle (tout comme dans la plupart des plus anciens jeux connus, notamment italiens, d'autres catégories), alors que X LA ROVE DE FORTVNE et XVIIII LE SOLEIL sont bien inversés. L'exemplaire présenté ici est conservé au musée national suisse de Schaffhausen.
• TAROT DE ARNOUX& AMPHOUX •
Marseille 1801, France
Ce Tarot de Marseille, copie stylisée du jeu de François Tourcaty 1745, réalisée par la réunion des deux maîtres cartiers marseillais Arnoux et Amphoux, démontre à quel point, vers la fin du XVIIIe siècle, l'iconographie des cartes était déjà très altérée, tant au niveau du détail que de la géométrie du trait. Pour cette valeur démonstrative, et parce qu'il s'agit de l'un des rares Tarots réalisés à Marseille préservés, cet exemplaire, aux couleurs belles et éclatantes, conservé à la bibliothèque nationale de France (BNF, Paris, l'Arcane XV LE DIABLE provenant d'un autre exemplaire), est présenté ici.
• TAROT DE BERNARDIN SUZANNE •
Marseille 1839 , France
Ce Tarot de Marseille fut réalisé par l'un des derniers maîtres cartiers traditionnel de la ville de Marseille. Avec le Tarot de Arnoux et Amphoux, il témoigne, comme on peut le constater avec la série de jeux présentés ci-avant, d'une altération toujours plus importante de l'iconographie des cartes à mesure que l'on avance dans le temps. Toutefois, malgré ces dégradations, on reste fasciné par la beauté et le mystère de ces icônes, et par l'aura de mystère qui les entoure. L'exemplaire présenté ici est conservé au musée national suisse de Schaffhausen.
• TAROT DIT DE « ARNOULT 1748 » •
Édition LEQUART 1890, France
Ce Tarot du XVIIIe siècle, dont la première édition connue, présentée ici, fut réalisée par la Maison Lequart en 1890, est peut-être le Tarot le plus mystérieux, et certainement l'un des plus précieux de tous les Tarots historiques connus. En effet, si l'iconographie de ce jeu – en réalité très certainement réalisé par la Maison Lefer entre 1778 et 1800 – est très altérée par rapport à l'iconographie traditionnelle du Tarot de Marseille, telle qu'on peut l'admirer sur des modèles plus anciens (le Tarot de Pierre Madenié 1709 et celui de François Chosson 1736 en tête), elle présente cependant la particularité unique d'être d'une extraordinaire pureté et justesse géométriques, comportant selon l'auteur Wilfried Houdouin des « marqueurs » géométriques permettant de retrouver l'emplacement des cartes dans leur plan matriciel. Par ailleurs, c'est le présent jeu qui fut réédité par Paul Marteau en 1930, réalisant le Tarot de Marseille le plus connu au monde (toujours disponible aux Éditions Grimaud), quand bien même il comporte, comme cette première édition de Lequart réalisée en 1890, colorée au pochoir, la seconde édition réalisée la même année mais colorisée par procédé industriel, ainsi que la troisième édition réalisée par Grimaud en 1891 (également colorisée par procédé industriel), un canon de couleur fantaisiste. Pour en savoir plus sur ce jeu unique et sur ses particularités, le lecteur est invité à se reporter au livre de Wilfried Houdouin Le code sacré du Tarot, comportant une note dédiée. L'exemplaire du jeu présenté ici provient d'une collection privée.
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